Écriture inclusive
Présente depuis quelques années auprès des organismes gouvernementaux et depuis peu, au sein des organisations privées, l’écriture inclusive n’est pas qu’une mode passagère.

Parfois réticentes à procéder au changement, plusieurs entreprises se questionnent à savoir si elles doivent suivre la vague. Cet article vise donc à clarifier ce qu’est l’écriture inclusive, pourquoi l’adopter, comment et, surtout, ce qu’en dit la science, à ce jour.

 

Qu’est-ce que l’écriture inclusive?

L’écriture inclusive se veut un moyen de reconnaître et de respecter les différences de genre, d’âge, de culture et d’orientation sexuelle dans vos communications. L’écriture inclusive n’est donc pas limitée au genre ou à éliminer le masculin neutre.

À titre d’exemple, on pourrait choisir de privilégier les termes parent et parentalité plutôt que de spécifier mère, père, maternité et paternité. Les termes parent et parentalités sont inclusifs en ce sens où ils englobent une plus large diversité de familles. Une organisation pourrait également choisir remplacer le terme parent par les personnes prenant soin d’un enfant, afin d’y inclure les aidants familiaux, tuteur·trices légaux, etc.

 

Pourquoi choisir l’écriture inclusive

On choisit habituellement d’utiliser une écriture inclusive afin de renforcer l’égalité, la diversité et l’inclusion dans une organisation et une société. Il s’agit d’un des moyens qui, associé à d’autres moyens, permet de créer un environnement plus inclusif pour la clientèle, les fournisseurs et tous les employé·es.

De façon plus détaillée, on choisit d’adopter l’écriture inclusive particulièrement pour :

 

1. Améliorer la représentation

En utilisant l’écriture inclusive, vous vous assurez d’une représentation équitable des différences de genre, d’âge, de culture et d’orientation sexuelle dans vos communications. Ce faisant, vous devenez un acteur de changement afin d’aider à briser les stéréotypes et les préjugés ainsi qu’à renforcer la diversité dans votre organisation.

 

2. Augmenter l’inclusivité

L’utilisation d’une écriture inclusive peut renforcer la sensibilisation à la diversité et à l’inclusion. L’enjeu est rarement d’accueillir la diversité, mais plutôt d’en réussir l’inclusion.

 

« La diversité, c’est compter les têtes; l’inclusion, c’est faire en sorte que les têtes comptent. » – Marie-France Winters

 

3. Améliorer la compréhension

En utilisant des termes inclusifs dans vos communications, vous vous assurez que les messages envoyés soient clairs et compréhensibles pour tout le monde, sans exclusion. Ce peut être le cas, par exemple, pour des affichages de postes genrés, où le genre peut être un frein pour une candidat·e à postuler.

 

4. Renforcer la marque

Utiliser l’écriture inclusive dans ses communications est bon autant pour l’image de marque auprès de la clientèle et des fournisseurs que pour la marque employeur. En adoptant l’écriture inclusive, vous démontrez que vous êtes un employeur sensible et inclusif auprès des candidates.

 

Ce qu’en dit la science : le masculin n’est pas neutre

Plusieurs études s’intéressent au biais masculin en lien avec l’écriture genrée au masculin neutre telle que nous la connaissons. Elles vont toutes vers la même conclusion : une meilleure représentativité des femmes lorsque la question est posée avec un doublon plutôt qu’un seul terme au masculin.

 

En voici quelques exemples :

  • Une étude demande à des passant·es de « Citez tous les candidats de droite ou de gauche que vous verriez au poste de premier ministre» et « Citez tous les candidats/candidates de droite ou de gauche que vous verriez au poste de premier ministre». Le résultat? 3 fois plus de femmes ont été proposées avec le doublon. 
  • Dans la même étude, en utilisant des noms de métiers, une première fois au masculin, la seconde avec un doublon et les gens devaient inventer un personnage typique de ce métier. Le résultat? 4,5 fois plus de récits de femmes avec le doublon qu’avec le masculin. 
  • Une étude faite sur des enfants. Lorsque l’on présente une description de métier traditionnellement masculin écrite au masculin, les enfants considèrent que les hommes auront plus de succès que les femmes dans ce métier. Cet effet est atténué lorsque la description du métier est donnée dans un langage inclusif. 
  • On remarque une corrélation entre les inégalités homme/femme et les personnes dont la langue est genrée, comme le français, l’espagnol et l’allemand.

 

Comment adopter l’écriture inclusive

L’intégration de l’écriture inclusive dans vos communications d’entreprise est un processus de changement en plusieurs étapes. D’abord et avant tout, les gestionnaires intéressés sont invités à se familiariser avec les différentes formes d’écriture inclusive et à comprendre les raisons derrière l’importance de l’utiliser.

Par la suite, vous pourrez revoir vos communications internes et externes afin d’identifier les sections qui nécessitent une correction pour être inclusives.

Vous pourriez décider de former vos employé·es à l’écriture inclusive afin de renforcer leur compréhension et leur capacité à utiliser les principes de manière cohérente. À cet effet, la mise en place d’une politique d’écriture inclusive pour les communications de l’entreprise peut également aider à garantir que toutes les communications soient inclusives et respectueuses de toutes les personnes.

Si vous empruntez cette direction, n’oubliez pas d’inclure dans votre programme d’accueil et d’intégration cette formation de base et politique. Vous permettrez ainsi à vos futurs talents (voyez ici l’usage du terme neutre talent en remplacement de l’usage du point médian) d’être au même diapason que vos équipes.

Comme dans tout changement important, procédez par étapes. Les membres de votre personnel ne sont pas tous égaux dans leurs habiletés à naviguer dans le changement, et même dans leurs habiletés de rédaction.

 

Les différentes formes d’écriture inclusive

Si votre lecture vous a mené jusqu’ici, vous aurez sans doute remarqué l’utilisation du point médian dans certains mots.

Il s’agit d’un style parmi plusieurs autres et, si vous êtes allergique au point médian, n’ayez crainte, d’autres options s’offrent à vous.

L’essentiel est de trouver la forme d’écriture qui soit en cohérence avec vos valeurs et avec laquelle vous serez à l’aise. Pour le reste, tout s’apprend!

 

1. Les termes épicènes

La communauté, la clientèle, l’auditoire, le corps enseignant, etc.

 

2. Les pronoms neutres

Chaque, Quiconque, Plusieurs, On, Nous, etc.

 

3. La féminisation de syntaxe :

Celle-ci peut prendre plusieurs formes, dont voici quelques exemples :

  • Le pronom de reprise : Les conseillères et conseillers en communication
  • La parenthèse : À l’attention de l’employé(e)
  • Les crochets : Le [la] professeur[e]
  • Le point : Du.de la candidat.e
  • La barre oblique : l’adjoint/e administratif/ve
  • La majuscule : Du DE LA directeurTRICE
  • Le point médian : Les administrateurtrices
  • Le trait d’union : L’apprenant-e
  • La virgule : L’étudiant,e

 

Si la féminisation de syntaxe peut sembler impressionnante à première vue, sachez que des guides vous seront proposés plus bas afin de mieux les comprendre et de faire un choix éclairé.

 

4. La terminologie non discriminatoire

Informez-vous des termes privilégiés par certains groupes. Par exemple, une récente étude de GRAADA menée au Canada conclut qu’il est préférable d’utiliser les termes personne autiste ou autiste, alors que d’autres termes seraient à éviter, tels que personne ayant un trouble du spectre de l’autisme, personne TSA, et TSA.

Loin d’être exhaustive, cette liste vise à vous faire connecter avec quelques formes d’écriture inclusive. Pour aller plus loin, voici un référencement de guides pratiques :

 

Oui, mais c’est moins lisible

Conclusion hâtive. En effet, les études à cet effet sont, à ce jour, encore limitées. Celles qui ont été menées ont, pour la plupart, utilisé un questionnaire pour évaluer la lisibilité, ce qui demeure limité pour en arriver à des conclusions génériques sur la lisibilité.

Toutefois, parmi les études, l’une d’elles s’est intéressée à une donnée plus intéressante à notre avis : la mesure de temps de lecture.

On peut donc mesurer si notre lecture est ralentie par les différentes graphies utilisées pour rendre le texte inclusif, par exemple. Dans le cadre se cette étude, ce qui a été testé est la lecture d’un texte rédigé au masculin, au féminin, avec l’écriture inclusive utilisant le tiret et avec les doublons.

La conclusion? Toutes les formes ont créé un ralentissement de la vitesse de la lecture par rapport au texte écrit au masculin, pour la première occurrence seulement. À la suite de cette première occurrence, la vitesse de lecture devenait la même pour tous les textes.

Pour l’instant, la science ne permet pas de conclure de façon tranchée à un manque de lisibilité à l’usage de l’écriture inclusive. On pourrait toutefois penser que l’habitude puisse atténuer les impacts relatifs à la lisibilité, la vitesse de lecture et l’appréciation de cette forme d’écriture de façon plus globale.

 

Conclusion

Pour conclure, gardez en tête qu’un tel changement part de vous. En tant que gestionnaire, vous devez faire preuve d’une réelle intention et d’un fort engagement à procéder à ce changement. Vous devez être en mesure d’y consacrer du temps et de vous donner le droit à l’erreur. Il y aura des omissions, des erreurs et c’est normal! Pensez-y, nous écrivons ainsi depuis toujours, il est normal qu’écrire soit un peu plus long au départ, qu’on se réfère au guide souvent et que, malgré tout, des erreurs se glissent. Ces erreurs sont humaines et n’entravent aucunement l’impact positif que votre démarche en écriture inclusive aura auprès de votre clientèle, de vos fournisseurs et de vos employé·es.

Osez faire un pas en avant pour créer un environnement de travail inclusif et respectueux de tous et toutes.

 

Références

Brauer M. Un ministre peut-il tomber enceinte ? L’impact du générique masculin sur les représentations mentales. L’Année Psychol. 2008;108(02):243.

Friedrich MCG, Heise E. Does the use of gender-fair language influence the comprehensibility of texts?: An experiment using an authentic contract manipulating single role nouns and pronouns. Swiss J Psychol. 2019;78(1–2):51–60.

Gygax P, Gesto N. Féminisation et lourdeur de texte. L’Année Psychol. 2007;107(02):239.

Graada https://www.graada.org/fr/confrences-grand-public-general-public-conferences

Prewitt-Freilino JL, Caswell TA, Laakso EK. The Gendering of Language: A Comparison of Gender Equality in Countries with Gendered, Natural Gender, and Genderless Languages. Sex Roles. 2012;66(3–4):268–81.

Vervecken D, Hannover B, Wolter I. Changing (S)expectations: How gender fair job descriptions impact children’s perceptions and interest regarding traditionally male occupations. J Vocat Behav [Internet]. 2013;82(3):208–20. Available from: http://dx.doi.org/10.1016/j.jvb.2013.01.008

Photo de Daniel Thomas sur Unsplash.

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